Depuis que j'ai appris vendredi la mort d'Ourasi, ce cheval champion je suis très triste.
Ourasi était arrivé un an avant moi dans le Bessin, au Haras de Gruchy.
Nous étions quasi des voisins pendant plus de 10 ans et je n'ai jamais manqué de m'arrêter pour lui faire un petit coucou quand mes promenades me menaient dans ce très joli coin de Normandie.
Ourasi était un vrai cabochard toujours content de voir du monde autour de lui et qui posait avec un réel plaisir pour les photographes nombreux. Il avait l'élégance d'un grand de ce monde, ce n'était plus un cheval, mais un véritable prince. On disait de lui qu'il avait du charisme et je crois bien que c'est vrai.
J'aimais sa très belle robe, un alezan brûlé qui le mettait très en valeur., ses balzanes sur les jambes arrière bien blanches qui le rendaient reconnaissable quand il était au fond de son pré. Loin des hippodromes où il a brillé, Ourasi a vécu une très belle retraite, gâté et choyé pendant plus de 20 ans.
Pour la petite histoire, on l'appelait le "roi fainéant", roi parce qu'il brillait incontestablement au firmament des champs de course, et fainéant parce qu'il ne donnait le meilleur de lui-même qu'en toute fin de course. Il menait pendant une course son train de sénateur, ne se laissant déstabiliser par rien ni par personne, et quant il fallait y aller pour terminer en beauté, c'est une véritable locomotive qui enlevait la victoire, loin devant d'un trot puissant, si puissant qu'il semblait voler.
Ourasi était un grand gourmand, amateur de pommes dont il ne devait pas abuser, un comble pour une retraite sous les pommiers.
Ourasi a battu tous les records, et le seul cheval à qui on pourrait le comparer serait Roquépine de 20 ans son aînée et qui avait, entre autres victoires prestigieuses, inscrit 3 Prix d'Amérique à son palmarès.
Je parie que dans les champs des étoiles, ils doivent se mesurer l'un à l'autre dans un joyeux trot, têtes hautes, naseaux ouverts, comme seuls les trotteurs savent le faire.
Jamais je ne t'oublierai cher Ourasi.
Je l'avais promis : voici le portrait que j'ai fait d'Ourasi en octobre 1998 alors que je lui rendais une petite visite. Un cheval poli : il venait toujours saluer ses visiteurs.